Chapitre 21

 

JAMAIS LE CHEMIN LE PLUS SIMPLE

 

 

Entreri considérait, en direction de l’ouest, un groupe de palmiers s’élevant dans les dunes de sable. Il hocha la tête en reconnaissant les lieux, car la chaîne des montagnes au sud lui était familière. Rares étaient les endroits où l’on trouvait du sable blanc dans cette région au nord du massif, même si au sud de ces hauteurs, plus près de Portcalim, le désert s’étendait à perte de vue. Le sol y était presque aussi nu, mais le relief était constitué de mesas et de vallées fluviales depuis longtemps asséchées, à l’exception d’une bande de terre. Ils se trouvaient le long de la route commerciale, et comme les montagnes se dressaient, infranchissables, au sud-est de leur position, Entreri prit conscience qu’ils n’étaient qu’à quelques jours de Memnon. Il observa les sœurs dragonnes qui se préparaient pour le départ et, lorsqu’il croisa le regard de Tazmikella, le coup d’œil qu’il lui jeta était empreint de ce qui s’apparentait le plus chez lui à de la gratitude ; jamais encore il n’avait exprimé cela à personne.

Un peu à l’écart, Athrogate, assis, jurait et retirait ses bottes.

— Elles sont pourries ! s’écria-t-il en retirant une bonne quantité de sable d’une ses chaussures.

Lors de leur arrivée, Ilnezhara avait volé bas et le sillon qu’Athrogate, pris dans ses griffes, avait creusé dans le sable rugueux se voyait sur des kilomètres.

L’inconfort du nain réjouissait Entreri, qui néanmoins dirigea les yeux vers le drow. Celui-ci se trouvait à proximité des dragonnes, tournant le dos à l’assassin, son chapeau bien en arrière sur la tête, ce qui le dissimulait à son regard. Quelque chose dans l’expression des deux créatures gigantesques lui indiqua que Jarlaxle les avait prises au dépourvu. Après un vague coup d’œil au plaintif Athrogate, Entreri rejoignit son compagnon de longue date.

Il aperçut un elfe au physique agréable, à la peau dorée et à la chevelure couleur du soleil levant.

Entreri recula d’un pas.

— Même si les cheveux te vont bien, je te préfère en drow, déclara Ilnezhara. Exotique, mystérieux, séduisant…

— Dangereux, ajouta l’autre dragonne. C’est bien là sa qualité qui t’attire le plus, chère sœur, ce qui explique que nous nous soyons engagées bien plus loin dans le domaine de Dojomentikus que je l’aurais souhaité. Allons, il est temps pour nous de partir.

— Dojo ne s’attaquerait pas à nous deux, chère sœur, répondit Ilnezhara. (Elle se retourna vers Entreri et Jarlaxle.) Une bête insignifiante, comme la plupart des mâles. Quand on s’imagine que quelques breloques ont suffi à déclencher une telle colère.

— Quelques breloques et ton refus de t’unir à lui.

— Il m’ennuyait.

— Il aurait peut-être pu se travestir en drow, déclara Tazmikella.

Entreri se rendit compte qu’il s’agissait de la réplique qu’il aurait dû formuler, si toutefois il avait suivi la conversation, car il ne parvenait pas à détacher son regard de Jarlaxle.

— Tu devrais fermer la bouche, dit Ilnezhara, et il fallut un peu de temps à l’assassin pour comprendre que cette remarque lui était adressée. Le sable risque de s’y engouffrer, ce qui serait des plus désagréables.

Il lui jeta un regard rapide, avant de se retourner vers son compagnon.

— Kimmuriel est parfois dur en négociations, expliqua Jarlaxle. Il a fait quelques concessions, mais a exigé que je porte ce déguisement une fois sorti des Terres héliotropes et pour toute la durée de mon séjour à la surface.

— Le masque d’Agatha, ajouta Entreri, qui avait autrefois, de nombreuses années auparavant, porté cet artefact magique.

Doté de cet objet, il avait pris l’apparence de Régis, le halfelin gênant et s’était servi de ce déguisement pour infiltrer Castelmithral avant l’invasion drow. Il chassa ce souvenir de son esprit, car l’échec de ce raid avait entraîné son esclavage dans la cité des elfes noirs, lieu auquel il n’aimait pas trop repenser.

— Le même, confirma Jarlaxle.

— Je l’avais pensé égaré ou détruit.

— Peu de chose se perd qui ne peuvent être retrouvées, et la magie n’est jamais véritablement démantelée pour qui sait l’assembler. (En parlant, il sourit et prit derrière lui un gantelet familier, pièce complémentaire à l’épée puissante d’Entreri.)

» Kimmuriel a réussi à en combiner les pièces ; comme toi, mon ami, il n’apprécie que modérément la magie.

Il lança l’objet à Entreri, qui l’examina un court instant, remarquant les lignes rouges qui striaient le tissu noir. Il l’enfila et saisit la poignée de la Griffe de Charon. Le gantelet amoindrissait la connexion magique. Comme toujours, Kimmuriel avait bien travaillé.

— Je pourrais dire que c’est mieux, mais ce seraient paroles de menteur, déclara Athrogate qui s’avançait vers le groupe et jeta un regard insistant à Jarlaxle. Pas un elfe, mais une fille en pleurs. Bwahaha !

En riant, le nain agitait ses orteils nus dans le sable chaud.

— Si tu continues à parler en vers, tu es mort, l’avertit Entreri, ce qui redoubla les éclats de rire du nain.

— Non, déclara Entreri d’une voix extrêmement posée. (Athrogate s’arrêta et regarda l’homme au ton de voix sinistre.) Je ne plaisante pas, poursuivit Entreri. En plus, la rime n’est pas exacte.

Athrogate grimaça, non en raison de la menace, mais à cause de la brûlure que le sable infligeait à ses plantes de pied. Il clopina.

— Alors, t’as qu’à dire à celui-là d’arrêter de m’inspirer, s’écria-t-il. (Il agita les bras en direction de Jarlaxle.) Comment veux-tu que je me refrène quand il concocte de telles surprises ! (Il tourna autour de Jarlaxle, pour l’examiner plus attentivement, et alla même jusqu’à pincer de ses doigts boudinés la joue du drow, avant de jouer avec ses cheveux blonds.) Bah, mais c’est très bien, déclara-t-il. Très bien pour pénétrer dans des endroits pas autorisés. Je peux avoir aussi de cette magie ? Peut-être que si on rencontre des orques, tu pourrais me donner leur apparence pour que je m’infiltre avant de les cogner !

— Nul besoin de magie, dit Entreri. Il suffirait que tu te coupes la barbe.

Athrogate lui jeta un regard dangereux.

— Là, tu franchis la ligne, mon gars.

— J’aurais dû le dévorer, gronda Ilnezhara.

— Non, et tout va pour le mieux, intervint Jarlaxle. Tout est bien qui finit bien, bonnes dames. Je… nous vous sommes extrêmement reconnaissants de votre assistance, et je suis sincère en disant que votre compagnie va me manquer. Toutes mes pérégrinations dans le vaste monde ne m’avaient jamais précédemment offert l’occasion de croiser tant de beauté et de grâce, alliées à tant de puissance et d’intelligence.

Il s’inclina profondément et son extravagant chapeau vint balayer le sable du désert.

— Ainsi, tu accordes foi aux rumeurs qui assurent que les dragons sont sensibles à la flatterie ? demanda Ilnezhara, mais son sourire indiquait que les propos du drow lui avaient fait très plaisir.

— Je le pense vraiment, insista Jarlaxle. Comme tout ce que je dis. Je crois qu’à votre réapparition, vous considérerez les Terres héliotropes comme un lieu intéressant et bénéfique pour vous.

— Nous vous reverrons, dit Tazmikella. Et je t’avertis, tes déguisements ne trompent pas les créatures de notre espèce.

— Je crains toutefois que mon retour soit impossible, répondit le drow.

— Les dragons et les drows vivent plus longtemps que les humains, plus longtemps même que les souvenirs des hommes, déclara Ilnezhara. À la prochaine, Jarlaxle.

Sa phrase terminée, elle bondit et se tourna, déployant ses grandes ailes dans la chaleur des sables du désert qui commençait à se lever. Sa sœur sauta à sa suite, et même si un seul battement de leurs immenses ailes suffit à les faire disparaître en un instant, l’air soulevé par leur envol déclencha une tempête de sable qui submergea les trois compagnons.

— Foutus dracosires ! se lamenta Athrogate.

Quand le nain, Jarlaxle et Entreri parvinrent enfin à s’extraire de toute la poussière soulevée, les sœurs n’étaient plus que de petits points au loin à l’est.

— Ben, ces deux-là, elles vont pas me manquer à moi, mais je suis pas fait pour marcher dans le sable, maugréa Athrogate. (Il retomba sur les fesses et commença à ôter ses bottes.) Trop souples et pas assez stables pour moi.

— Je ne me déplace pas à pied, lui assura Jarlaxle.

Le drow transformé en elfe fouilla dans sa bourse de ceinture et en retira une étrange figurine rouge. Il fit un clin d’œil à Entreri puis la lança à Athrogate.

Le nain l’attrapa et commença à l’examiner : c’était un petit sanglier écarlate.

— Le sculpteur a oublié la peau sur ce fichu truc ?

— C’est un sanglier démoniaque, expliqua Jarlaxle. Une créature des plans inférieurs, féroce et infatigable : la monture idéale pour Athrogate.

— Idéale ? demanda le nain, manifestement perplexe. Si je m’assois dessus, il va disparaître par mon trou de balle ! Bwahaha !

— Cette figurine est un conduit, expliqua Jarlaxle.

Il sortit sa propre statuette d’obsidienne et la posa sur le sol à côté de lui. Il invoqua sa monture infernale et, en quelques instants, le fougueux étalon piaffait sur le sol mou à ses côtés.

Athrogate lui adressa un sourire de guingois, avant de l’imiter et de placer le sanglier rouge au sol.

— Comment je le nomme ? demanda-t-il, impatient.

— Grognard, répondit Jarlaxle. C’est son nom ; appelle-le et il te répondra.

Tandis qu’il observait la scène sans grand amusement ni surprise, Entreri plaça sa monture, dénommée Feu Noir, à ses côtés. Parallèlement, Athrogate obtempéra aux indications de Jarlaxle et un immense sanglier à peau rouge apparut auprès du nain. De la fumée s’élevait de son dos et, lorsqu’il grognait, ce qui arrivait souvent, de petites flammes vermeilles sortaient de ses narines.

— Grognard, répéta Athrogate d’un ton approbateur. Il se plaça près de la créature qui, comme les destriers, était sellée, mais il hésita avant de la monter.

— Ça semble un peu chaud, expliqua-t-il à ses compagnons.

Entreri se borna à secouer la tête et fit tourner sa monture, avant de la lancer au galop en direction d’une oasis éloignée.

Jarlaxle et Athrogate le rejoignirent peu de temps après, le sanglier n’ayant aucun mal à soutenir l’allure des chevaux, de ses petites pattes véloces.

Entreri resta devant jusqu’à ce qu’il atteigne la dernière haute dune qui surplombait l’oasis. Il fit stopper son cheval et attendit, non par désir de compagnie, mais parce que la vue qui s’offrait à lui l’incitait à la prudence. Il connaissait le désert, ainsi que les peuples nomades des sables. Cet arrêt sur la route commerciale était nommé everni, littéralement, « anarchie ». Ce lieu n’était régi par aucun contrôle formel, ne disposait d’aucune milice assurant sa régulation et, par édit des pachas de Memnon et de Portcalim au sud, était qualifié de « sujet à aucune revendication de légitimité ». En d’autres termes, quiconque essayait d’y établir une résidence ou une forteresse s’exposait à des représailles armées de la part des deux États-villes puissants.

Le principal avantage de ce statut était l’absence de péage pour les caravanes de marchands qui empruntaient fréquemment ce chemin entre les deux cités. L’inconvénient, bien sûr, était que ces mêmes caravanes devaient souvent se défendre contre des bandits qui se disputaient le butin.

Les débris de trois chariots disséminés près de la petite mare à l’ombre des palmiers indiquaient que, dernièrement, un convoi avait échoué dans cette entreprise.

— Nous aurions peut-être dû demander aux dragonnes de rester à nos côtés un peu plus longtemps, fit remarquer Jarlaxle lorsque Athrogate et lui parvinrent en haut du promontoire et observèrent les nombreuses silhouettes en toge blanche qui grouillaient en bas.

— Des nomades du désert, expliqua Entreri. Ils ne prêtent pas de serment d’allégeance aux elfes ni aux nains, ni mêmes aux humains qui ne sont pas de leur tribu.

— Ils ont mis à sac les chariots ? demanda Athrogate.

— Ou les ont trouvés détruits, répondit Jarlaxle.

— Ce sont eux, confirma Entreri. Cette caravane a été saccagée il y a moins de dix jours, sinon le bois aurait déjà été récupéré. Ici, les nuits sont froides, comme vous l’apprendrez assez vite et ce matériau est très prisé. (D’un geste il pointa vers le sud en direction de la petite oasis, où sautillaient des buses.) Les charognes n’ont pas même terminé leur festin. Ce convoi a été mis à sac au cours des deux derniers jours, et voici vos bandits, qui en profitent pour se reposer.

— Combien de temps vont-ils rester ? s’enquit Jarlaxle.

— Aussi longtemps qu’ils le souhaiteront. Il n’existe aucun schéma établi en ce qui concerne les déplacements des nomades. Ils errent, se battent, volent et mangent.

— Ça m’a l’air pas mal, comme vie, fit remarquer Athrogate. Même si à moi il me manquerait un peu d’alcool !

Entreri lui jeta un regard mauvais.

— Au moins, il ne parle plus en rimes, murmura Jarlaxle. Même si ses jacassements sont toujours aussi fatigants.

— Si on descend, est-ce qu’on risque de se battre ? demanda Athrogate.

— Peut-être. Peut-être pas, répondit Entreri. Seul l’appât du gain motive les nomades du désert à combattre. S’ils nous perçoivent comme une menace ou comme des victimes valables, ils attaqueront. Autrement, ils nous demanderont de leur raconter des histoires, voire peut-être partageront leur butin avec nous. Ils sont imprévisibles.

— Ce qui les rend dangereux, dit Athrogate.

— Ce qui les rend fascinants, corrigea Jarlaxle.

Il descendit de son destrier démoniaque qu’il fit disparaître en le réduisant à l’état de figurine.

— Ah, si on se bat, tant mieux, déclara Athrogate, prêt à mettre pied à terre.

Mais Jarlaxle l’en empêcha.

— Reste ici et en selle, lui ordonna le drow.

— Vous y allez ?

— Nous ? demanda Entreri.

Jarlaxle regarda l’oasis et se livra à un décompte rapide.

— Ils sont une vingtaine, tout au plus. Et il se trouve que j’ai soif.

Entreri savait parfaitement que son compagnon pouvait faire apparaître des boissons ou créer toute une pièce extra-dimensionnelle remplie de mets fins et de breuvages délicats si tel était son désir.

— Je ne suis pas venu ici pour affronter n’importe qui dans le désert, riposta-t-il d’un ton acerbe.

— Mais tu es là pour te renseigner, ou en tout cas tu auras besoin d’informations pour trouver ce que tu cherches. Qui mieux qu’eux pourraient nous décrire l’état de la route jusqu’à Memnon ou ce qui se passe en ville ? Apprenons-en le plus possible.

Entreri observa un long moment son encombrant compagnon, mais il finit par descendre de cheval et mettre pied à terre. Il fit disparaître sa monture et plaça la statuette dans sa bourse de ceinture, à portée de main.

— Si nous avons besoin de toi, charge vite et à pleine puissance, indiqua Jarlaxle à Athrogate.

— Je connais pas d’autre façon de faire, répondit le nain.

— Raison pour laquelle ta compagnie m’est précieuse, déclara le drow. Et tu découvriras, j’en suis sûr, que ta monture possède le même esprit combatif, et quelques trucs bien à elle.

Entreri regarda le nain, assis sur ce sanglier féroce à l’apparence curieuse. Il jeta ensuite un coup d’œil à l’oasis et aux couvre-chefs blancs des hommes qui s’y trouvaient. Il pouvait tout à fait imaginer comment la situation allait évoluer, mais descendit néanmoins aux côtés de Jarlaxle le versant ouest de la haute dune.

— On raconte que les nomades criblent de flèches les invités non désirés, puis cherchent des réponses dans leur cadavre, raconta Entreri alors qu’ils s’approchaient de l’oasis et que, déjà, plusieurs regards s’étaient tournés dans leur direction.

Jarlaxle murmura quelque chose que son compagnon ne parvint pas à comprendre, avant de sentir une vague de chaleur le submerger, qui partait de son cœur pour se diffuser dans tout son être, dans ses bras, ses jambes et sa tête.

— S’ils décochent leurs traits, ils n’en auront que plus de questions à poser, répondit Jarlaxle.

— Avec les projectiles qui atterriront à nos pieds, supposa avec justesse Entreri.

— C’est un arc puissant dont ils vont avoir besoin pour contrer ce sort, je peux te l’assurer.

Juste avant que les deux hommes gagnent la zone où le sable, soudain, se transformait en herbe, deux nomades se précipitèrent vers eux pour leur barrer le passage. Ils tenaient des armes blanches à lame large, des sabres khopesh, avec un naturel qui témoignait de leur grande expertise.

— Vous vouloir passer par notre campement ? s’enquit l’un d’eux dans la langue commune de la région, que ni Entreri ni Jarlaxle n’avaient entendue depuis de longs mois.

Il articulait avec un accent si prononcé qu’il leur fallut à tous deux un peu de temps pour comprendre les mots.

— Montre-nous-en les limites et nous contournerons le campement, répondit Entreri.

— Limites ? Imbécile, limites est oasis.

— Ah, mais dans ce cas, comment allons-nous pouvoir remplir nos gourdes à la mare ? demanda Jarlaxle.

— C’est problème, concéda le nomade. Mais pour toi, pas pour moi.

Son compagnon plaça une main sur la poignée de son sabre khopesh.

— Nous ne sommes pas ici pour nous battre, déclara Entreri. Tout comme peu nous importe ce que vous faites avec la caravane.

— Caravane ? répéta l’homme. Ces chariots ? Nous les avoir trouvés là. Pauvres hommes. Devraient faire attention plus. Bandits, vous savez.

— En effet, répliqua Entreri. Et leur malchance m’importe peu. Nous sommes venus chercher un peu d’eau, avant de poursuivre notre chemin. Rien de plus (il jeta un coup d’œil au second nomade, qui semblait fort impatient de jouer du sabre) et rien de moins. Par édit des pachas de Memnon et de Portcalim, ces oasis sont ouvertes et libres.

Un sourire dangereux se dessina sur le visage de son interlocuteur.

— Mais nous paierons, quoi qu’il en soit, ajouta Entreri avec le même sourire. Nous prendrons l’eau dont nous avons besoin et, en échange, nous vous raconterons nos exploits auprès du Pacha Basadoni de Portcalim.

Le sourire du nomade disparut en une fraction de seconde.

— Basadoni ?

— Ah, Artémis, ils connaissent ce nom ! s’exclama Jarlaxle.

Les deux bandits pâlirent en entendant le nom d’Entreri, et le second recula même d’un pas, avant d’ôter sa main de la poignée de son sabre.

— Euh… oui, bredouilla le premier. Nous pas être amis du désert si troc pas possible.

Entreri éclata de rire et passa devant lui, non sans le frôler de son épaule en le repoussant. Jarlaxle resta à ses côtés sur les trois mètres qui les séparaient de la mare.

— Ta réputation te précède, déclara le drow à voix basse.

Entreri pouffa de nouveau comme si cela n’avait pour lui aucune importance et se baissa très bas pour remplir sa gourde d’eau fraîche. Lorsqu’il se redressa, plusieurs autres nomades s’étaient approchés, dont un homme obèse vêtu d’une somptueuse toge blanc et rouge. Au lieu du simple couvre-chef en tissu que portaient ses compagnons, celui-ci avait un turban assorti à son vêtement, piqué au fil d’or, et il tenait un sceptre richement orné en or massif. Ses chaussures dorées, très allongées au niveau des orteils, étaient si recourbées qu’elles formaient un cercle presque complet.

L’inconnu s’écarta pour venir se placer à quelques pas d’Entreri et de Jarlaxle, tandis que ses gardes du corps se déployaient en demi-cercle autour d’eux.

— Un dicton du désert prétend que l’audace naît de la folie, déclara-t-il dans un dialecte raffiné qui évoquait davantage Portcalim que les déserts de sable.

— Tes sentinelles semblaient avoir renoncé à leurs protestations, répondit Jarlaxle. Nous pensions avoir un accord. De l’eau en échange de récits.

— Tes fables ne m’intéressent pas.

— Elles sont grandioses, pourtant, et l’eau ne vous fera pas défaut.

— Je connais l’histoire d’un homme nommé Artémis Entreri, déclara le chef. Un homme qui servit aux côtés du Pacha Basadoni.

— Il est mort, répondit Entreri.

L’autre lui jeta un coup d’œil curieux.

— Ne t’a-t-il pas appelé… ?

— Artémis, confirma Entreri. Simplement Artémis.

— De la guilde du Pacha Basadoni ?

— Non, répondit Entreri, à l’instant même où Jarlaxle disait « Oui ».

Les deux hommes se regardèrent.

— Je ne sers aucune guilde, déclara Entreri au chef.

— Et pourtant, tu oses pénétrer dans mon oasis…

— Elle ne t’appartient pas.

— Tes aptitudes à la diplomatie sont tout bonnement extraordinaires, murmura Jarlaxle à Entreri.

Le gros tenait son sceptre devant lui, à l’horizontale.

— Audacieux, déclara-t-il. (Il en rabattit légèrement une extrémité.) Folie, ajouta-t-il, cette fois en recourbant complètement l’angle de la baguette, comme s’il soupesait ses mots avec une balance.

— Mon ami est las après ces longues journées de route sous un soleil accablant, affirma Jarlaxle. Nous sommes des aventuriers.

— Des lames à louer ?

Jarlaxle sourit.

— Ainsi, vous offririez vos services en échange d’un peu de mon eau ?

— Ce serait une bonne affaire pour… ?

— Je suis le Sultan Alhabara.

— Une bonne affaire, donc, pour le Sultan Alhabara, compléta Jarlaxle. Je peux t’assurer que nos prestations sont inégalées.

— En effet, répondit l’autre avec un petit rire, qui déclencha l’hilarité des six hommes déployés autour de lui. Et quels honoraires seraient appropriés pour les services d’Artémis et… ?

— Je m’appelle Drizzt Do’Urden, répliqua le drow travesti en elfe.

— Par les couilles d’un orque castré, murmura Entreri en poussant un profond soupir.

— Quoi ? demanda Jarlaxle, qui feignit l’innocence en se tournant vers lui.

— Il n’aurait pas été possible simplement de faire un détour ? demanda Entreri. Très bien…

— Du calme, lui dit Jarlaxle.

— Nos honoraires sont bien plus élevés que ce que peut s’offrir le gros Alhabara, lança Entreri à l’homme. Bien plus que le stupide Alhabara peut l’imaginer. Quoi qu’il en soit, l’eau est gratuite, comme stipulé par les édits de Memnon et de Portcalim. Le criminel Alhabara peut-il le comprendre ?

Alhabara lui jeta un regard menaçant tandis que les hommes qui l’entouraient réagissaient à l’offense, mais Entreri ne céda pas.

— Dès lors, je prends ce qui est gratuit, sans en demander la permission à un vulgaire voleur, ajouta-t-il en promenant les yeux sur les gardes du corps. Et le premier d’entre vous qui lève sa lame contre moi sera le premier à mourir aujourd’hui.

L’homme qui se tenait au centre dégaina un sabre khopesh, avant de l’agiter d’un air menaçant en direction d’Entreri. Il s’avança même légèrement, mais le regard de l’assassin suffit à l’immobiliser.

Pendant ce temps, Alhabara avait reculé de plusieurs pas tout en brandissant son sceptre en guise de protection.

— Un sceptre de suzeraineté, murmura Jarlaxle à Entreri, qui venait de reconnaître le sceptre du sultan, bâton qu’il avait vu de nombreuses fois, dans le passé, parmi les chefs de clans et de tribus.

S’il était similaire à ceux qu’il connaissait, il permettait à son détenteur d’imposer sa volonté à de prétendus sujets, ceux en tout cas qui avaient l’esprit faible.

L’instant d’après, le drow et l’assassin se sentirent submergés par une vague de contrainte, l’ordre de se mettre à genoux transmis par télépathie par le Sultan Alhabara.

Les deux hommes échangèrent un regard, avant se tourner vers le chef.

— Jamais, dit Entreri.

De part et d’autre des deux compagnons, des armes s’avancèrent. Jarlaxle, pour toute réaction, retira la plume de son chapeau et la lança au sol. Elle se transforma alors en une créature gigantesque de plus de trois mètres cinquante, un diatryma, un gros oiseau coureur à ailes courtes, rapprochées des flancs, au cou épais et fort, et au bec triangulaire massif.

Les six hommes qui se trouvaient à proximité poussèrent des cris et reculèrent. Alhabara s’enfuit à toutes jambes puis hurla :

— Tuez-les !

Celui qui se trouvait le plus près du volatile, à sa droite, tenta de passer devant lui pour atteindre ses ennemis, mais le bec puissant du diatryma le happa au passage et vint se planter dans son épaule avec une telle force qu’il lui brisa l’os et lui démit l’articulation si gravement que son bras pendait beaucoup trop bas par rapport à sa position normale, et plusieurs centimètres en dessous. Le blessé hurla puis tomba à terre en gémissant pitoyablement.

La Griffe de Charon et sa dague ornée de joyaux à la main, Entreri bondit sur le trio qui se tenait à gauche. Dos à dos avec lui, Jarlaxle, d’un claquement de poignet, fit apparaître une dague de son serre-poignet magique. Un second mouvement de l’articulation allongea la dague et la transforma en fine épée, que le drow fit passer dans sa main gauche et utilisa pour parer un coup de sabre.

Puis le drow fit de même avec sa main droite. Tandis qu’il brandissait habilement son épée pour tenir le sabre à distance, il rétracta sa dague et la lança en direction du dernier homme de la file. Sans ralentir, il exerça une nouvelle rotation du poignet, fit apparaître un autre poignard qu’il jeta, et recommença encore et encore.

Son adversaire savait manier sa lame et était assez agile. Des cinq lancers de Jarlaxle, seul un l’avait touché, à la cuisse, et encore, de côté. Son ami tenta d’intensifier son attaque sur Jarlaxle, mais le drow, agile, parvenait à le maintenir à distance, réussissant même à contourner le sabre khopesh de son épée et à toucher légèrement son ennemi au niveau des côtes.

Sans discontinuer, Jarlaxle lançait ses dagues qui filaient en direction de son adversaire, en haut, en bas, au centre, sans schéma prévisible ni donc discernable. L’autre était incapable d’anticiper ; il ne pouvait que réagir, de sorte qu’une deuxième lame se fraya un chemin et lui effleura le visage, puis une troisième, touchant plus durement l’épaule de son bras qui tenait l’épée.

Pire pour lui et son ami, l’oiseau voulut être de la partie et commença à piétiner l’homme qui redoublait son attaque contre Jarlaxle. Il réussit à frapper de son sabre les pattes de la créature géante, mais celle-ci l’écrasa et lui assena trois violents coups de bec.

Jarlaxle envoya le volatile à la poursuite du Sultan Alhabara, tandis qu’il portait son attention au dernier homme. Il fit apparaître une autre dague, mais ne la lança pas, préférant l’allonger, la transformant en une seconde épée.

Il marcha en direction de son adversaire blessé.

Trois flèches furent décochées de côté, tirées depuis un arbre se trouvant dans l’oasis.

Jarlaxle les vit trop tard pour être en mesure de les éviter.

 

* * *

 

Entreri pivota à gauche, puis continua à avancer dans cette direction, en veillant à se placer sur le flanc du trio pour que les bandits ne puissent l’atteindre en même temps. Il introduisit son attaque par un coup de dague sournois, un coup qui, parce qu’il était audacieux, lui permit de saisir son épée presque à la hauteur de sa poignée en lui impulsant le mouvement dont il avait besoin pour la tourner, uniquement grâce à sa petite lame. Comme la place lui manquait pour manier cette arme, il frappa son adversaire de sa main droite et lui envoya le pommeau de la Griffe de Charon dans la joue.

Il s’attaqua encore au visage brisé du nomade d’un coup de poing, étendit le bras gauche pour se saisir du sabre de l’homme tout en lui écartant le bras, puis fit passer son épée par-dessus, et par-dessous.

Comme il sentait qu’un second adversaire arrivait dans son dos, Entreri tourna autour du bras ; un saut complet le fit atterrir sur ses pieds ; il se redressa en brandissant son épée, et entailla le bras de l’homme. Avec une torsion, il l’envoya basculer par-dessus sa hanche sans qu’il puisse se défendre.

— Tu es mort, promit Entreri, car l’autre était sans défenses. Sauf…

Entreri inversa sa prise et rabaissa son épée qu’il projeta derrière lui en se retournant soudain.

La lame s’enfonça dans le ventre du second bandit, celui qui s’était trouvé au centre du trio, et qui avait dégainé le premier.

— Je lui avais promis qu’il serait le premier à rendre l’âme, expliqua Entreri.

Il donna à l’homme allongé, qui avait lâché son sabre et tenait son bras douloureusement tordu, un coup de pied dans le visage et bondit par-dessus son corps, puis décrivit de sa dague et de son épée des cercles gracieux pour parer l’attaque du troisième assaillant.

Tout se passait si bien et si facilement, songeait-il, mais il remarqua à ce moment-là que des dizaines d’autres nomades s’approchaient, hurlant, épées et arcs brandis. Un rapide coup d’œil en arrière lui permit d’apercevoir des flèches filant dans la direction de Jarlaxle. Par-delà le drow, il aperçut son autre compagnon, celui qu’il aimait mieux oublier, qui arrivait en beuglant par-dessus la dune sur son sanglier de guerre, serrant l’animai entre ses jambes puissantes, les bras largement écartés, au bout desquels se balançaient à gauche et à droite des morgensterns.

 

* * *

 

— Ouah-ouh ! hurla Athrogate, sa voix claire et sonore couvrant le bruit de la descente cahotante le long de la dune.

En dépit de ses pattes courtes et raides, la créature qu’il montait (il en avait fait l’expérience) était capable de couvrir de longues distances.

Le nain serra ses jambes autour de sa monture et fit tournoyer ses morgensterns à gauche et à droite. Il arriva sur l’herbe et les bandits qui se trouvaient à proximité s’avancèrent pour l’intercepter ; ils furent deux à le viser de leur lance.

Athrogate émit des grognements plus sonores encore et conserva sa trajectoire, sans oublier de ramasser les javelots au moyen de ses armes. Alors qu’il s’approchait, cependant, il découvrit que sa monture était bien plus qu’une bête de somme. Le sanglier avait été invoqué des Neufs Enfers, lieu de combats incessants. De par sa nature et son tempérament, il était à l’aise dans les environnements hostiles. Il ne ralentit qu’une seule fois, pour grogner et piétiner de ses sabots, et des flammes orangées surgirent de son corps, formant un anneau de feu qui roula en se dissipant.

— Bwahaha ! s’exclama Athrogate, agréablement surpris.

Tandis que le sanglier continuait sa progression, il appuya encore plus ses jambes contre le ventre de l’animal et ajusta l’angle de ses armes tournantes.

Les bandits reculèrent et se recroquevillèrent, choqués par l’apparition du cercle embrasé. Sur la toge de l’un des nomades, des flammes résiduelles brûlaient, tandis que de la fumée s’échappait des mèches de cheveux roussies d’un autre. Leur peau avait rougi à l’endroit où les flammèches les avaient effleurés.

Aucun des deux n’avait été réellement blessé par l’anneau de feu. Lorsque Athrogate fonça sur eux, l’intensité de ses coups massifs se trouva renforcée par la vitesse du sanglier. Heurté de front, l’un des hommes exécuta un saut périlleux presque complet, à ceci près qu’il atterrit face contre terre et non sur ses pieds. L’autre parvint plus ou moins à rester debout après la charge.

Mais le morgenstern l’avait touché à la tête, et bien qu’il se soit redressé, il était très loin d’être conscient. Athrogate avait avancé de plusieurs pas lorsque l’homme s’écroula à terre.

— Ouah-ouh ! rugit le nain avec sauvagerie. Il se délectait du spectacle.

 

* * *

 

Les flèches touchèrent la barrière magique de Jarlaxle à moins de deux centimètres du drow. Elles se figèrent, suspendues dans l’air, avant de retomber au sol. Mais le drow le savait : le sort n’allait pas durer. Il regarda en direction de l’arbre et des archers et recourut à ses aptitudes innées pour appeler sur eux une sphère de ténèbres.

— Je suis aveugle ! s’écria un bandit.

Jarlaxle sourit, car il avait déjà entendu maintes fois ces paroles.

Cependant, l’homme qui lui faisait face, obstiné, lança une nouvelle charge. Avec un soupir, Jarlaxle para le sabre khopesh de son adversaire et le bloqua de ses deux épées, en suivant une diagonale descendante. Il pivota pour se retrouver devant les trois lames prisonnières, ce qui lui procura tout l’effet de levier dont il avait besoin pour abaisser celle de son opposant.

Il rétracta subitement la sienne, ce qui déséquilibra son ennemi. Le drow se lança ensuite dans une sorte de parade offensive, au cours de laquelle il frappait la lame de son adversaire au moyen de ses deux épées. Alors que l’autre commençait à neutraliser la poussée quasi incessante, Jarlaxle fit un pas de côté et, avec un geste ample, précipita sa lame vers le bas : il fit basculer la pointe vers le sol, entraînant avec elle le sabre.

Le bandit contra le mouvement et parvint à faire remonter son épée, mais uniquement parce que Jarlaxle s’était désengagé. Le drow écarta largement les bras, l’épée droite à proximité de son adversaire, selon un angle qui partait de l’extérieur vers le bas, la gauche pointant vers le haut. Il inclina son corps pour trouver le maximum d’équilibre.

Mais il ne conserva que peu de temps cette posture et ramena ses armes avec une soudaine furie : il abattit celle de droite en hauteur, en dessous du sabre, près de la poignée et frappa de la gauche à côté de l’extrémité la plus épaisse de la lame.

Le bandit ne parvint pas à négocier le changement de pression ; les coups assenés par le drow lui tirèrent l’arme des mains et l’envoyèrent tournoyer dans les airs. Jarlaxle s’empara du sabre qui pivotait autour de sa poignée et de l’épée qu’il tenait dans sa main droite.

Le bandit l’observait comme s’il avait été hypnotisé.

— Tiens, dit aimablement Jarlaxle.

Il interrompit le mouvement de rotation du sabre pour le lancer en direction de son adversaire. L’homme leva les yeux et les mains et, juste avant qu’il puisse s’emparer de l’arme, la semelle de la botte du drow vint s’écraser contre son visage.

Il heurta le sol un peu avant que le sabre rebondisse sur lui.

Jarlaxle jeta un coup d’œil à Entreri.

— Invoque ta…, commença-t-il à dire, mais avant d’avoir terminé, la monture infernale d’Entreri avait fait son apparition, piaffant, des flammes sortant de ses naseaux.

Le seul bandit qui restait de ce côté-là avait déjà été privé de ses armes, et la vision de cet étalon démoniaque lui fit manifestement perdre l’esprit, car il bafouilla quelque chose d’inaudible et chercha à s’enfuir, tour à tour en courant et à quatre pattes, pleurant et hurlant sans discontinuer.

L’assassin bondit à califourchon sur le puissant animal qu’il lança au galop ; il se rapprocha d’un autre groupe de bandits qui arrivait. Deux lances et une flèche furent envoyées dans sa direction, mais le bouclier magique de Jarlaxle les freina.

Ce dernier s’élança lui aussi sur son destrier noir et rejoignit Entreri au pas de course. Les deux chevaux se placèrent dans le sillage d’Athrogate, avant de dépasser en trombe le nain sur son sanglier. Un bataillon d’archers apparut derrière un chariot, mais à peine furent-ils debout qu’eux aussi, piégés par l’obscurité magique de Jarlaxle, commencèrent à hurler qu’ils étaient aveugles.

Derrière le trio, le diatryma du drow poursuivait son saccage et les bandits devaient agir pour l’arrêter.

À l’autre extrémité de l’oasis, leurs montures galopant de nouveau sur les sables du désert, les trois compagnons couvrirent près de deux kilomètres avant que Jarlaxle arrête la sienne et demande à ses compagnons d’en faire autant.

— Bwahaha ! rugit Athrogate. Je te remercierai jamais assez pour mon nouveau compagnon ! Bwahaha ! Grognard ! Bwahaha !

Jarlaxle lui adressa un sourire, puis se tourna vers Entreri.

— Tout s’est bien passé, déclara le drow d’un ton sec. Mes cours de diplomatie n’ont manifestement servi à rien avec toi.

Entreri commença à répondre, mais remarqua qu’une nouvelle plume était déjà en train d’apparaître sur le ruban du somptueux chapeau de Jarlaxle. Il se borna à secouer la tête et à relancer sa monture.

— On devrait y retourner, dit Athrogate. Plus de bagarre !

Jarlaxle ne détacha pas son regard d’Entreri et, sans répondre, lança son cheval au galop à la suite de son ami.

— Bah ! maugréa Athrogate, déçu.

Il jeta un coup d’œil nostalgique à l’oasis et, réticent, suivit ses compagnons.

La route du patriarche
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